[Event #2] Nice boat!

Elle avait l'air d'une enfant.
Une énorme bouée rose sous le bras, des lunettes de soleil avec un chapeau de paille, et un maillot de bain une pièce. Ses cheveux étaient attachés en couette et elle s'assurait de rester bien à l'écart des foules et des gens pour ne pas attirer l'attention. Il y avait sûrement pas mal de ses fans dans les parages avec le concert d'une idol de prévu. Et à dire vrai, cela n'enchantait pas la jeune fille : une concurrente tout d'abord, qui gagnait de plus en plus en succès, et qui en plus ramenait un public proche du sien si ce n'était le sien, ce qui allait sûrement troubler la tranquillité de son weekend. Anju prenait conscience de la raison pour laquelle son manager était contre sa petite visite à la plage.

Pour le moment, elle n'avait qu'une idée en tête : se prélasser au soleil, sur sa bouée, et se laisser porter. Elle avait aussi, bien évidemment, l'intention de visiter la grotte de la plage une fois la nuit tombée. L'adolescente ne désespérait pas de voir un jour un vrai fantôme.
Pour le moment, elle posa sa grande bouée contre la rambarde du restaurant estival. Il n'était pas encore trop bondé, et elle décida de commander un curry : c'est ce qu'ils faisaient dans les mangas.

Elle s'assit alors à une table libre, les bras croisés, observant les gens s'amusant sur la plage en attendant sa commande.

« Pastèque... » murmura-t-elle tandis qu'elle rêvait de pouvoir observer des gens jouer avec ce fruit, comme dans les séries télévisées.

Mais qu'est-ce qu'il faisait ici ? Réellement ?
Emmitouflé dans son écharpe qui ne laissait voir que ses yeux, sa casquette casual profondément enfoncée sur sa tête et les mains dans les poches de son pantalon bleu, le voilà qui bravait la plage. Il détestait la sensation du sable sous ses chaussures vernies - il allait les ruiner, avec ces conneries - il avançant le dos rond, prêt à se hérisser à la moindre remarque du premier gugusse venu.
Quand tout le monde était en maillot, prêts à affronter les vagues, lui marchait comme sur des œufs, en zigzaguant entre les serviettes de plage et les parasol, gardant son regard rivé sur l'horizon scintillant pour ne pas se déconcentrer.

Restait à repérer Anju dans ce bordel coloré et il laissa échapper un grognement intérieur. Toute cette viande découverte... Bon sang, il se ferait bien un steak, là tout de suite. Mais bon, pas le choix, il devait ignorer les effluves de corps dénudés à la peau apparente qui lui donnait faim. Enfin, le genre de faim que n'aimeraient pas les quelques jeunes hommes qu'il regardait déambuler quelques instant. Certains jouaient au beach-volley et il admira ces paires de fesses athlétiques dans leurs petits maillots de bain. Mais bon, il n'était pas là pour s'amuser. Pas comme si ce genre d'endroit lui donnait envie de s'amuser de toute façon avec tout ce sable et ce soleil...

Remontant ses lunettes de soleil sur son nez, on ne voyait apparaître que le moins de peau possible et il étudia les proches environs, espérant trouver Anju, et vite. Il avait été affecté pour être son garde du corps. Ils en avaient d'autres des idées lumineuses, à la Yomotsu ? Il avait tempêté autant que possible mais... Bon c'était Anju alors il était venu quand même, avec toute la mauvaise volonté du monde. Mais il était là, habillé comme pour aller au sky, cependant il songeait qu'il ne pouvait quand même pas laisser la petite seule avec tous ces humains dans les environs. La vérité était qu'il était fou de cette gosse. Mais il se serait fait rouler dessus par Yurei plutôt que de l'avouer.

Il n'avait paradoxalement pas chaud, sa nature l'immunisait aux températures et il trimballait toujours cette odeur de fumée, plus faible en plein air. Il vit une jeune femme et un gros chien, une autre fille à gros seins - il détestait les gros seins et les filles -  un autre type tout habillé... En observant celui-ci il se demanda un instant si c'était un kaijin. Prenant une grande inspiration : non. C'était un humain. Bon, tant pis - ou tant mieux. Pas de congénère dans les parages sauf... Il inspira de nouveau en se tournant, repérant le restaurant de plage et l'odeur de curry et autres trucs de bouffe lui collèrent faim encore pire.
Mais ce qui dominait l'odeur, c'était celle d'Anju, qu'il suivit l'air de rien, comme un fil invisible le reliant à elle.

Finalement, il se laissa tomber sans manière à côté d'Anju soulagé de constater que le parasol lui laissait un peu de répit face à ce soleil insupportable. "Yo, Anju." Fit-il d'un air sombre, le ventre tiraillé de pleins de manières différentes. Bon, au moins il avait trouvé celle qu'il devait chaperonner. "Tu vas bronzer et ton manager va te tirer les oreilles." Comment faisait-elle pour supporter cette lumière, c'était la vraie question. Si l'idol avait l'air adorable dans son maillot, lui avait l'air d'un mec profondément louche accostant une pré-adolescente.

Alors qu'elle suivait des yeux un chien s'amusant dans le sable, Anju sentit une présence familière. Au même moment, elle sursauta en entendant un bruit sourd à côté d'elle. L'homme qui venait de s'affaler sur le même banc que la demoiselle était une de ses connaissances.

« Yuki. » dit-elle avec une subtile pointe de joie dans sa voix.

Elle le dévisagea rapidement. Elle se doutait bien qu'il ne devait pas sentir la chaleur, mais elle remarqua qu'il n'était pas à l'aise. Tournant le visage sur le côté, elle remarqua :

« Alors ils t'ont envoyé, finalement... » Elle se tourna de nouveau vers la table, fixant ses mains. « Désolée. »

Elle savait à quel point cela pouvait être pénible pour lui. D'un autre côté, elle ne se souvenait pas vraiment l'avoir vu une seule fois sans qu'il se plaigne ou soit mal à l'aise à cause de quelque chose. Son tempérament était aussi bouillant que sa véritable forme... Avec un sourire intérieur, Anju observa la serveuse lui remettre son curry.
Elle attrapa la cuillère qu'elle remplit de riz et de sauce, et la tendit à Yuki. Sans arrière pensée, elle semblait vouloir le nourrir, la cuillère tendue dans sa direction pendant que sa seconde main assurait le dessous de l'autre, pour éviter tout débordement.

« Tu en veux ?... »

Il avait peut être faim.
Elle projeta d'aller dans un endroit plus calme une fois son repas fini, pour ne pas lui causer de tracas supplémentaire.

HRP:

Musickuuu

L'été, la plage, la mer et un grand beau soleil dans un ciel bleu sans nuage. Les fortes chaleurs des derniers jours couplés à un jour de congé avaient rameuté toute une foule sur la plage de Chikubushima. Des adultes, des adolescents, des enfants... et un scientifique dont la main était tenue par une petite fille excitée, un large sourire aux lèvres. 

"Alleeez papaaa !" fit l'enfant avec entrain, tenant sous son bras libre une large bouée colorée alors que l'homme portait tout le reste des affaires. "Chiyu et les autres doivent déjà être dans l'eau !" pressa-t-elle, sa petite main serrant avec assurance celle beaucoup plus large de son père. 

Yayoi sautillait presque autant qu'elle marchait sur le sable brûlant alors qu'elle n'attendait qu'une chose : retrouver ses amis et se jeter à l'eau avec eux et sa bouée. Oh, elle savait très bien nager mais c'était tellement amusant de jouer avec une grosse bouée et de sauter dessus ! Elle avait forcé son père à lui gonfler l'objet avant de partir et ne l'avait pas quitté pendant tout le trajet. 

Il était rare qu'ils puissent profiter d'un jour comme celui-ci et la petite fille avait été plus que ravie d'apprendre qu'elle pourrait avoir son père avec elle aujourd'hui. Et même si elle comptait jouer autant avec ses amis qu'avec son père, c'était important pour elle. Parce qu'elle voulait passer du temps avec lui, tout simplement. 

"Papa ! Papa !" appella-t-elle même si l'homme n'était qu'à quelques centimètres d'elle. "Est-ce qu'il y'a des pastèque tu crois ? Est-ce qu'on pourra jouer à casser la pastèque ? Est-ce que j'aurais une glace tout à l'heure ?" son large sourire illuminait son visage alors qu'elle attendait que son père installe leurs affaires, pressée de pouvoir retirer sa robe et dévoiler son joli maillot de bain rose à pois blanc. Il était tout neuf et elle était fière de pouvoir le montrer à tout le monde. Un maillot de bain une pièce tout simple mais qu'elle trouvait trop mignon - et qui cachait facilement la pierre incrustée dans son bas ventre. 

Une journée à la plage avec papa et ses amis... que demander de plus ?

Kojirō avait passé tellement de temps dans son labo qu'il ne se rappelait plus à quel point le soleil pouvait taper fort. Un ciel bleu et sans nuage, du bruit, des gens avec d'autres considérations que le boulot... Cela allait être difficile à supporter, mais pour sa fille, il était prêt à mettre une parenthèse aujourd'hui.

Le papa, dans son esprit méticuleux et ordonné, avait emporté tout ce dont il pensait avoir besoin pour cette journée de plage qu'il avait promis à Yayoi. La petite était surexcitée et tellement heureuse, ses yeux brillaient de bonheur, et cela était tout ce qui lui fallait pour se dire qu'il avait pris la bonne décision.

Engoncé dans une chemise bleue à fleurs, de celles qu'on voit souvent dans les îles tropicales, avec un short marron foncé et une paire de tongs noires, une paire de lunettes noires sur le nez qui ne le rendait pas plus cool pour autant, Kojirō avançait à l'allure d'un escargot asthmatique tant il était submergé par le trop plein d'affaires auxquelles il avait pensé. Cela se voyait qu'il ne devait pas sortir souvent... Deux grandes serviettes, deux gros sacs pour leurs vêtements dans le cas où le temps tournerait sans prévenir, un parasol, un panier-repas, une glacière pour les boissons, un ballon à gonfler, un filet contenant divers jeux de plage, une trousse de premiers secours en cas de blessure, un sac contenant des cahiers de mots croisés et des stylos, il se demandait encore comment il ne tombait pas à chaque pas incertain dans le sable mou.

Yayoi exultait et faisait montre d'une joie qu'il appréciait de voir particulièrement. Par contre, si elle le tirait encore une fois par la main, il se demandait comment il ferait pour ne pas chuter lamentablement... Mais riait quand même de bon cœur.

- Une minute, petit diable ! Je ne peux pas voir où je pose les pieds si tu me tires comme ça !

Puis arrivé à un emplacement de libre, Kojirō largua le tout. Il se mit en devoir de tout monter pour que sa petite perle puisse être tranquille quand elle aurait envie de se poser.

- J'en ai pris une dans la glacière, on pourra jouer à la piñata avec. Et la glace, ça sera pour le goûter cet après-midi. Pour le moment, tu peux aller jouer avec tes amis, mais pas trop loin ! Je veux toujours t'avoir en visu, hein !

Se penchant sur sa fille avec un sourire aimant, il lui tend son auriculaire, chose qu'il faisait d'habitude pour lui faire une promesse et qu'elle serrait avec le sien.

- Je te promets qu'on va passer une super journée, ma puce.

Et Kojirō espérait vraiment que cela serait le cas, pour une fois qu'il pouvait profiter de la douce présence de sa fille sans rien en travers de son chemin...

La plage, le sable fin à perte de vue, le soleil haut et chaud dans le ciel et.. les torses musclés des jeunes mâles qui jouaient au beach voley non loin de là. Nene avait prit son temps ce weekend pour faire son chemin de son côté, sans Tsukiyo. Loin des problèmes de Tokusatsu, de son izakaya. Loin des troubles avec Yûgo et les Yakuza, loin de l'angoisse de la vie moderne. Parfois son petit village natal lui manquait et elle pensait à tout quitter pour aller s'installer ) la campagne, à Sotoba. Pourtant la jeune femme ne pouvait s'y résoudre : c'était ici qu'on avait besoin de Suzumebachi et si elle fuyait, le sacrifice de sa famille aurait été inutile. Il fallait faire contre mauvaise fortune bon cœur et continuer de marcher la tête haute, le long de la baie. Elle avait marché plusieurs heures, seule ou accompagné de jeunes hommes qui étaient venu lui parler dans de maladroites tentatives de drague auxquelles elle avait décédé sans difficulté. Tromper la solitude, remplir les vides de sa vie nouvelle; est-ce grave?

Recevoir les compliments d'un joli garçon avec sa bande de copains, faire voleter son paréo et rire aux éclats. Tout va bien, car elle ne se sent pas seule. Pourtant en continuant son chemin, les garçons la quittent. Comme tous les hommes de son existence et elle les salue gentiment de la main, continuant sa route. Rien de plus qu'une femme seule en maillot de bain deux pièces avec un paréo léger; une jolie femme à l'air un peu cruche qui plait aux hommes. Une jolie femme seule qui les aime. Est-ce grave? Le soleil dansait sur l'eau bleu et seul les éclats lointains de voix inconnus troublaient le silence, parcouru du chant des vagues, si apaisant. Elle aurait tant aimé être avec Kojiro et leur petite Yayoi, uni en la famille qu'il avait jadis été, autour d'une pastèque, autour de sourires heureux. Elle aurait tant aimé... mais ce soir, quel homme jouerait le rôle de son mari? Est-ce si grave, de ne pouvoir combler ce vide?

Au loin, la silhouette des deux personnes auxquelles Nene était en train de penser de dessina, comme un rêve éveillé et se sentant honteuse d'être là, à leur vue, elle n'osa les saluer autrement que de loin, très pudiquement : un geste de la main, les yeux fermés avec un gentil sourire, le visage un peu rouge. C'était tellement inconfortable. Ils lui rappelaient qu'elle avait été une épouse et une mère et qu'à présent, elle n'était plus qu'une fugitive. Sa fille même était distante, à présence; elle ne se sentait pas le droit de les rejoindre après ce qu'elle avait fait. Ils penseraient qu'elle est distante alors qu'elle ne s'offre pas le droit de venir les voir; le serpent qui se mord la queue.

C'était une rencontre bien ironique, compte tenu des regards égrillards que lui portaient le groupe de garçons qu’elle avait précédemment rencontré sur le bord de l'eau et qui lui faisaient signe de les rejoindre, la laissant entre deux choix, toute penaude.

Alors que la petite partait en courant et en hurlant de joie, Kojirō terminait de dresser leur campement pour la journée. Il y mit un temps qu'il estimait trop long, n'ayant pas l'habitude de se laisser aller au farniente ne serait-ce qu'une journée, et sans véritable connaissance d'un emplacement fait pour la détente... À tel point que l'on reconnaissait aisément et de loin que cet homme pâle comme un fantôme n'était vraiment pas de ceux qui aimaient prendre des vacances !

Tout était placé au millimètre près, d'une propreté ridicule qui allait être recouverte dans pas longtemps par le sable, mais Kojirō en était satisfait. Tout était à portée de main dans l'économie du mouvement. Ainsi, si Yayoi avait besoin de quoique ce soit, elle n'avait qu'à demander ! Avec un large sourire empreint de contentement, le scientifique allait pour s'asseoir sur sa chaise de plage surplombée par le parasol quand ses yeux se posèrent sur ce qu'il pensait être un fantôme du passé...

Il n'aurait su dire quelle émotion prédominait dans le maelström qui déferla à l'instant sur lui quand il se rendit compte que ce n'était pas une illusion. Elle était là, à quelques mètres seulement, magnifique comme chaque fois qu'il la voyait, et cet amour profond qui lui vouait l'envahit tout entier, avant d'être dévoré tel un brasier à la recherche de combustible par une haine féroce mêlée à un sentiment de culpabilité à peine dissimulé.

- Nene...

Secouant légèrement la tête comme à son habitude lorsqu'il s'évadait un peu trop loin, Kojirō regardait Nene sans trop savoir comment réagir. Il l'aimait toujours, c'était un fait, il venait de le vérifier là tout de suite, alors qu'ils se trouvaient à proximité l'un de l'autre sans qu'ils l'aient prévu. Et même s'il était "content" de le vérifier, ça ne le réjouissait pas plus que ça. Parce que la morsure de sa trahison n'en devint que plus brûlante encore...

Nene l'avait trompé avec son propre frère. Il lui en voulait pour ça. Et à côté de ça, il s'en voulait également. Car il avait compris que si elle était allée voir ailleurs, c'est parce qu'elle recherchait quelque chose qu'il ne lui donnait plus, si tant est que c'était ce qu'elle avait voulu. Et il n'était pas vaniteux au point de savoir vraiment ce qu'elle désirait le plus au monde, il s'était rendu compte que finalement, il ne la connaissait pas comme il l'aurait dû. Il s'était laissé engloutir dans la spirale de sa vie professionnelle...

Et de tout cela, Kojirō n'était pas certain de lui en tenir encore rigueur. La vie des adultes était compliquée parfois... Cependant, s'il lui vouait une haine sans nom aujourd'hui, ce n'était pas pour ce qu'elle lui avait fait. Non, ce qui lui hérissait le poil de manière totalement instinctive, c'était ce qu'elle faisait involontairement subir à leur petite fille. Yayoi souffrait de ne plus voir sa mère tous les jours, elle se posait sans arrêt des questions, jusqu'au moment où la maturité la prit beaucoup trop tôt à son goût. Les enfants méritaient de grandir dans un univers protégé, ils avaient bien le temps de voir à quel point la vie pouvait être moche.

Et en cet instant, même s'il se tenait droit et regardait Nene avec une émotion indéfinissable dans le regard, Kojirō avait l'impression qu'on lui déchirait les entrailles dans tous les sens. Il ne se sentait pas encore capable d'aller à sa rencontre pour lui taper la causette, comme si de rien n'était, comme s'ils n'avaient jamais eu de vie à deux, puis à trois. C'était encore au dessus de ses forces...

Alors il se contenta de lui adresser un salut sec de la tête avant de s'asseoir dans sa chaise et de sortir lunettes, stylo et magasine de mots croisés. C'était un loisir qu'il appréciait toujours, se souvenant du plaisir qu'il y prenait assis au fond du canapé alors que Nene était blottie contre lui à regarder la télé avec son gros ventre qu'il caressait de temps en temps...

Mais c'était bien loin tout ça. Il n'y avait plus rien de ce temps-là, sauf sa fille adorée, et elle jouait sur la plage. Et cela suffisait amplement pour l'instant.

Un large sourire innocent et heureux aux lèvres, Yayoi relia son petit doigt à celui de son père, jurant par tous ses grands dieux qu'elle n'irait pas trop trop loin... enfin, si elle n'était pas trop occupée à jouer. Mais Kojiro savait qu'il n'avait pas à trop s'inquiéter, Yayoi était beaucoup plus responsable qu'elle n'en avait l'air. La petite fille était, qui plus est, déterminée à passer une bonne journée. Il était tellement rare qu'ils sortent tous les deux pour faire quelque chose, son père bien souvent trop occupé par son travail. 

Yayoi s'enfuit rapidement, sa boué à la main alors qu'elle courrait rejoindre ses amis qu'elle avait repéré non loin de là. Heureusement qu'ils s'étaient tous donnés plus ou moins un endroit pour s'installer pour ne pas avoir à chercher parmis toute la plage bondée. 

Le sable s'enfonçant sous ses pieds nus et son maillot de bain trop sec à son goût collant à son frèle corps de fillette, Yayoi visait la ligne séparant le sable de la mer, prête à plonger tête la première avec sa bouée. Elle souriait et riait en faisant de grands signes à ses amis. Elle se senti seule pendant de longues secondes jusqu'à ce que Chiyu se retourne, l'apercoive et se mette à crier à son attention en secouant ses deux bras en l'air. Yayoi redoubla d'effort pour les rejoindre, fixée sur son objectif principal : s'amuser toute la journée. 

Elle ne regardait pas tous ces adultes qu'elle dépassait, elle n'avait qu'une seule idée en tête, négligeant le reste. Pourtant, elle se stoppa net une fois arrivée à cette fameuse ligne où l'écume mourrait contre le sable humide. Sa bouée toujours serrée contre elle, elle se retourna d'un mouvement souple, son pied laissant une empreinte appuyée sur le sable. 

"Maman...?" fit-elle avec surprise alors que ses petits yeux s'ouvraient grand devant la silhouette très féminine de Nene. 

C'était bien sa mère. En maillot de bain. Sur la plage. Elle entendit des cris derrière elle, l'appellant à jouer et à nager, mais elle resta figée, ne sachant pas trop quoi faire. C'était étrange. Elle était étrangement contente de voir Nene mais pouvait elle lui parler ? Etait-elle occupée comme elle l'était souvent ? 

Sa mère était là, juste à côté d'elle et elle ne savait pas si elle pouvait s'en réjouir ou non. Pourtant même si la petite fille avait appris à se détacher de sa mère... elle ne pouvait nier que cette dernière lui manquait. On n'efface pas une maman aussi facilement.

Event clôturé.