CaractèreAkihiko n’est pas le genre de personne qui paie de mine. Timide au visage renfermé et banal, c’est un jeune homme discret, qui se gêne pour un rien mais qui, curieusement, possède un parler franc lorsqu’il s’agit de sa personne. Très lucide quant à ce qu’il est, se considérant à sa juste valeur, il n’y va pas par quatre chemins pour se critiquer ou à l’inverse, se congratuler. S'il n'ira pas jusqu'à insulter quelqu'un ou dire le fond de sa pensée, le mangaka n'a pas la langue dans sa poche pour autant et n'hésitera pas à donner son opinion, même s'il ne suit pas l'avis général. Solitaire malgré lui, c’est un jeune homme qui apprécie grandement la compagnie d’autrui, comme peut le prouver son tableau de chasse.
Ses conquêtes sont variées et même s’il possède des valeurs classiques comme tuer c’est pas bien et fumer c’est pas bon pour la santé, certains tabous lui passent par dessus la tête. N’hésitant pas à faire un détour par un
love hotel ou des femmes du trottoir pour se « documenter », illustrant des personnages dans des positions sexuelles dans le bus ou devant un parc d’enfants, Akihiko semble un peu déconnecté du savoir vivre commun. Il ne se détache jamais de son petit carnet de croquis et son portemine, préférant par dessus tout fantasmer sur les passants et les dessiner dans des positions plus ou moins explicites, « pour l’inspiration ».
Difficile de savoir si le jeune homme manque de savoir-vivre où s'il s'en moque simplement ; un peu entre les deux, Akihiko a juste envie de faire ce qui lui plaît, et tant qu'il ne voit pas où est le problème ou si les choses dérangent réellement un autre individu, il fera ce qu'il désire sans se poser de question. Il est pourtant pourvu d'une grande gentillesse, trop même, et pense énormément à son prochain, s'inquiète pour n'importe quel inconnu et veut apporter son aide à qui en a besoin. Essayant de faire passer le bien-être d'autrui avant le sien, Akihiko est un énorme paradoxe, un point d'interrogation géant que bien des gens ont du mal à saisir. Sa définition du bien et du mal se limite à ce qu'il a lu dans des mangas, autant dire très vaste.
En dehors de ça, il n’y a rien de particulier à ajouter. Akihiko se lave presque tous les jours, se brosse les dents, regarde des shows débiles à la télé et aime boire de la bière qu’il ne tient absolument pas avec ses très rares amis. Appréciant la vie à sa juste valeur, essayant de se faire une place confortable dans la société, le jeune homme est une personne qui ne se prend pas la tête et qui essaie de se la couler douce, particulièrement égoïste et borné quand il s’agit de ce qu’il veut faire. Une fois une idée en tête, il ne l’aura pas ailleurs et il est impossible de l’empêcher de faire quelque chose dont il a très envie ; que l’idée soit raisonnée ou totalement invraisemblable. La logique d’Akihiko est toute relative, ajoutant quelque chose d’imprévisible dans son tempérament banal. Encore heureux, sinon, il serait totalement ennuyeux.
PhysiqueUn japonais tout ce qu’il y a de plus banal : cheveux noirs, yeux bruns, les yeux bridés et d’une taille moyenne pour un asiatique ; un mètre soixante-huit. De corpulence maigre presque osseuse, Akihiko possède cependant un léger ventre dû à sa malnutrition et son manque d’exercice. Il n’a absolument rien de musclé mais jouis de l’incroyable cadeau d’être imberbe. Glarbe, pas un seul poil sur les jambes ni sur le visage. Ça fait des économies de mousse à raser.
Ses cheveux courts sont pour le plus souvent totalement emmêlés, le jeune homme prenant rarement le temps de les coiffer.
Akihiko arbore la plupart du temps un regard fatigué souligné de cernes en raison de son travail acharné. Ses yeux n’expriment que rarement la joie de vivre, jetant des regards noirs malgré lui, entre deux balbutiements gênés. Privilégiant les vêtements confortables, il s’habille le plus souvent avec des hoodies et des joggings, parfois des jeans pour faire plus « propre » notamment à son travail. Il adore se promener en tongs et ne porte que ça l’été. Le jeune homme n'est pas le genre de personne à accorder d'importance à l'apparence, que ce soit la sienne où celle des autres ; et ça se voit.
Quelque chose te différencie ? Akihiko a un frère jumeau qui lui ressemble en tout point, si ce n’est le style vestimentaire, le regard enjoué et la minutie capillaire. Et bien sûr, son magatama positionné sous son aisselle gauche, faisant à peine 6 centimètres de diamètre.
Un jour comme les autres, dans un pays comme les autres, dans un hôpital comme les autres… L’enfance d’Akihiko n’a rien d’extraordinaire. Bien qu’avec un jumeau, il n’en était pas moins et surtout son frère ; même s’ils étaient très proches, ils n’avaient rien de plus exceptionnel qu’une autre famille. Sérieux dans leurs études sans être pour autant studieux, les deux garçons avaient chacun une personnalité propre, Akihiko étant plus timide mais aussi plus pervers, tandis que son jumeau était un enfant honnête et très sociable. Arrivés au collège puis au lycée, les deux adolescents eurent chacun de leur côté des amours et des déceptions : une vie somme toute vraiment banale, jonglé de bonnes humeurs et de relations amicales communes. Le caractère particulier du petit garçon ayant tendance à dépasser ses parents, ces derniers se reposèrent beaucoup sur son jumeau qui dû se charger de son éducation secondaire ; le savoir-vivre, entre autre.
Akihiko était passionné depuis l’enfance par les dessins animés et les mangas. Si son père et sa mère ont longtemps espéré que ce soit une phase, il s’avéra rapidement que l’idée de travailler dans ce secteur était impossible à arracher du crâne du garçon. Rejoignant un club de manga, dépensant son argent de poche dans des plumes et des trames, Akihiko passait le plus clair de son temps libre à dessiner des mangas. Pour la plupart érotiques. C’est important de le dire.
Le jeune homme n’a jamais rien eu à cacher et a toujours affiché sa sexualité ouverte ; ses conquêtes furent autant des hommes que des femmes. Préférant de loin dessiner et profiter des phallus, il s’orienta longtemps dans le
boy’s love. Sa première histoire publiée sur le net fut, cependant, un shoujo. Si bien que longtemps, les internautes le prirent pour une fille.
Sa notoriété n’était pas bien grande mais suffisante pour être connue du monde des doujins. Seulement voilà : s’auto-publier sur le net, ça n’achète pas une vie, et ne paie sûrement pas des factures. Un peu forcé par ses parents, il décida d’aller à la fac, suivant son frère dans une école voisine, choisissant à l’instar de son jumeau les arts littéraires et historiques, souhaitant rester à ses côtés, et surtout, ne sachant absolument pas quoi faire de sa vie.
Finalement, ses études furent un échec, et cela ne fut une surprise pour personne. Séchant un cours sur deux, préférant dessiner plutôt que réviser, ses notes chutèrent au plus bas au bout de quelques semestres. Lorsque son père et sa mère le grondèrent en lui rappelant qu’ils payaient de grandes sommes pour ses études, il répondit simplement d’un air désintéressé :
« Je vous l’avais dis. »Dans sa grande diplomatie, il accentua les tensions présentes entre ses parents et lui. Son frère en revanche se débrouillait très bien. Décidant de n’en faire qu’à sa tête, Akihiko rassembla toutes ses économies et s’envola pour Tokyo, son manuscrit en main, pour le présenter à différents magazines.
Les entretiens ne furent pas spécialement glorieux. Son jumeau lui avait dit « Sois honnête ! » et sûrement l’avait-il trop été. En dehors de ses planches frôlant une narration catastrophique, les réponses aux questions posées ne reflétaient pas une motivation véritable.
« Que voulez-vous faire lire à vos lecteurs ?
- Heu, bah, j’y ai pas pensé. Je veux juste dessiner.- …Mais vous voulez gagner votre vie avec ça, non ?
- Bah, si je peux gagner des ronds en plus pour dessiner des zizis, franchement, je dis oui. C’est pour ça que je suis là, eheh. »Sourire gêné. Silence.
Il ne fut pas recontacté. Etonnant. Bien évidemment, cela le déprima quelques temps. Akihiko était juste incapable d’expliquer « pourquoi » il voulait dessiner ou « pour qui » il voulait le faire. Il avait envie, tous les jours, à toute heure, et c’était tout. Et comme c’était la seule qu’il savait à peu près faire, c’était bien le seul moyen de gagner sa vie, non ? Lorsqu’il fut de retour dans son appartement, son frère avait un cadeau pour lui.
Une unité Kokiji qu’il avait dégotté auprès de mecs louches dans sa fac. Ne sachant quoi en faire, il l’avait ramené chez lui. Les jumeaux restèrent longtemps immobiles à se regarder dans les yeux, jusqu’à ce qu’Akihiko s’approche de trop près de la chose. A dire vrai, il ne se souvient plus de rien après ça ; trop faible pour se remémorer des événements. Lui qui tient à peine l’alcool… Alors cette chose !... Lorsqu’il rouvrit les yeux, il eut le sentiment de ne plus être seul. Le magatama s’était fixé sous son aisselle, dépassant à peine les six centimètres de diamètre. Comme ça, mine de rien, il était devenu un Tokusatsu, et son frère un complice.
Le timing ne fut pas très bon, car une petite maison d’édition le contacta peu après. Comme ses dessins étaient bons, il avaient fait le choix de donner une chance à la plume d’Akihiko ; la condition étant qu'il dessine du
shoujo et non du
yaoi pour commencer. Il accepta bien évidemment ; peu importe l’histoire, si elle était un minimum bien, il voulait juste la dessiner. Son scénariste lui envoyait les scripts depuis Tokyo, et lui était retourné à Okuse pour s’installer dans un petit studio où il avait monté son atelier. Le rythme de publication était lent et les planches peu payées, mais c’était un début. Il n’avait cependant que très peu de temps pour combattre les Kaijins. Il n’en avait qu’à moitié envie ; un sentiment héroïque, le désir d’être quelqu’un d’important étaient bien sûr une motivation. Même si inapte socialement auprès de ses pairs, Akihiko gardait une éthique et des valeurs - de base, mais des valeurs quand même.
Mushiko n’apparaissait donc que très peu sur le devant de la scène, mais se fit connaître par une malencontreuse histoire relayée bien des fois via Nico Nico Douga et les réseaux sociaux. Lors d’une poursuite contre un Kaijin, Akihiko rencontra un autre Tokusatsu qui lui prêta main forte. Par un concours de circonstance, celui-ci vint à crier son amour pour les pénis lors d’un combat verbal mais amical acharné pour savoir si les poitrines étaient oui ou non supérieures aux bijoux de famille.
Les paroles qu’il prononça alors furent très embarrassantes, mais dans le feu de l’action et sous le coup des éclats de rire qu’il échangeait avec son partenaire, il ne s’en rendit pas compte. Ce n’est qu’une fois la chasse terminée qu’il réalisa ses dires. Son allié l’avait prit sur le ton de la plaisanterie ; tout ça n’avait été qu’un débat passionné débordant de bonne humeur. Les internautes, en revanche, l’entendirent d’une autre oreille. Et malgré quelques insultes homophobes, la plupart des Totakus s’attachèrent à Mushiko, ou
Geimushi comme ils commencèrent à le surnommer amicalement. Akihiko fut donc labelisé à vie de Tokusatsu officiellement et publiquement gay.
Il était pansexuel, pourtant. Mais personne ne l’écoutait.
Même dans son fandom, il était ignoré. Un goût amer qui le ramenait à sa douce réalité ; les gens du net étaient, après tout, eh bien... des gens. Les mêmes que dans les supérettes, les bars, les WC publics ou les bibliothèques. Les gens qui le mettaient mal à l’aise. Ici ou ailleurs, en armure ou ailleurs, il restait un mec comme les autres qui n’arrivait pas à se démarquer, se plaçant à peine dans la société. Cette triste réalité le déprimait.
Il évolua cependant, redoublant d'efforts tant pour combattre les Kaijin que dans sa profession ; il devint vite à son tour un Tokaku. Bien qu'il se fatiguait déjà énormément sur son travail, Akihiko fit le choix de passer son peu de temps libre à réaliser des doujins érotiques sur l'univers des Tokusatsu. Il ne savait, après tout, que dessiner ; il ne faisait donc que ça. Après quelques années dans le secteur
shoujo, Akihiko revint dans la filière
yaoi de sa maison d'édition, se rebaptisant Aki-non pour l'occasion. Bien évidemment, de nombreuses lectrices le prennent encore pour une femme, puisqu'elles ne l'ont que rarement aperçu.
Jonglant désormais et pour toujours entre son identité de Tokusatsu gay et de mangaka yaoi pansexuel, Akihiko essaie de couler des jours heureux, dans un quotidien devenu, finalement, pas si banal que ça.