Caractère Chitose ne triche pas : elle est ce qu'elle montre, à savoir une fille calme et mature souffrant d'une timidité maladive. En effet, en raison d’un fort sentiment d’anxiété sociale, l'adolescente est incapable de parler efficacement à quelqu'un sans être prise d'un violent bégaiement et elle essaye d'éviter les situations de nouveauté autant que possible pour minimiser sa gêne. Tout naturellement sa timidité s’additionne d'un complexe d'infériorité et la jeune fille a tendance à dévaluer ses capacités intellectuelles, son physique et ses qualités, ne voyant d'elle-même qu'une petite souris grise incapable d'aligner deux mots sans rougir, pleurer ou bégayer. Elle est consciente de son handicap et le voit comme un défaut qui la rend moins douée, moins intéressante et moins jolie que les autres. Chitose se définirait comme
"une fille ennuyeuse aux goûts sans intérêt". La jeune fille est effacée et plutôt passive en générale, plus adaptée à subir qu'à réaliser.
Pourtant, elle est l'honnêteté et la franchise même, le courage fait femme malgré tout. Quand elle vibre positivement et se prend en mains, Chitose est d'une force morale incroyable car son père l'a éduqué un peu à la dure, bien qu'elle a toujours été gâtée plus que de raison. La jeune fille a pourtant été élevée dans un milieu interlope et difficile : elle est la fille de l'Oyabun du Yamaguchi-gumi, la plus grande famille yakuza actuelle et n'ignore rien des affaires de son père mais aussi de ses deux grands frères, Kojirô et Goro. Chitose a grandi dans l'idée de l'honneur à tout prix, et bien qu'étant considérée comme une katagari (personne ne faisant pas partie de la pègre), elle suit le même code de l'honneur que ses proches : Chitose n'offense jamais personne, ne cherche pas les honneurs, ne ment pas, ne triche pas. Elle assume toujours ses erreurs ou les conséquences de ses propres actes ou de ceux des autres et prend souvent sur ses épaules les responsabilités des débordements de ses frères ; c'est une enfant sage et mature mue par un sens du sacrifice et des responsabilités admirable qui fait que si elle n'était pas une fille, son père lui aurait surement confié une place dans le clan. Mais Chitose est une fille, et elle est gravement malade : deux choses qui sont déterminantes dans ce genre d'affaire.
Elle est organisée, patiente, et malgré toute sa gentillesse son tempérament est plutôt ambigu : elle a beaucoup de sang-froid lorsqu'elle arrive à dépasser sa timidité et sait prendre des décisions mûrement décidées en faisant absolument fi de son émotionnel, sachant que qui lui est possible et ce qui ne l'est pas. Surement est-elle fataliste et pessimiste, surtout, mais c'est exactement cette facette de sa personnalité qui l'aide à évoluer dans le monde qui l'entoure. Elle est à cheval sur le
gokudō, le code de l'honneur des yakuza et n'aime pas les choses qui sortent hors du cadre ou de ce qui avait été prévu, plutôt rigide de ce côté. Son éducation a été des plus traditionnelle et sa mentalité est à la fois démodée et très conventionnelle. Pour sa famille, Chitose est une enfant sage et effacée à l'estime personnelle proche du zéro mais qui est fiable et ne change jamais d'avis. Elle ne joue et ne jouera jamais aucun jeu et se montre, au delà de sa gêne, telle qu'elle est. Cependant, elle reste une adolescente comme les autres, aimant les activités calmes et contemplatives comme lire ou regarder des DVDs ; elle vit dans du coton à cause de sa maladie chronique et son père la gâte plus que de raison. Aussi si elle n'a jamais été capricieuse, son sens à l'argent est-il particulièrement faussé.
Elle apprécie sa solitude et passe la plupart de son temps libre à regarder des DVDs, puisqu'elle éprouve de grandes difficultés à se faire des amis. Elle préfère d'ailleurs la compagnie des gens plus âgés qu'elle, ne s'entendant pas avec les jeunes de son âge. Tout ce qui est mignon, les peluches, les charms et les poupées lui plaisent confusément et elle est particulièrement fan de tout ce qui touche aux Idols. Les sucreries et pâtisseries l'attirent mais devant suivre un régime stricte en raison de sa maladie, elle n'a jamais eu le droit d'en goûter. Les contraintes liées à son état ont toujours fait parti de son quotidien si bien qu'elle ne s'en plaint que rarement, sauf en cas d'extrême douleur : son père déteste les pleurnichards et elle le sait bien, faisait de son mieux pour ne pas lui déplaire. Le caractère désespéré de son état ne transparaît pour ainsi dire jamais ni dans ses attitudes ou ses discours, à moins qu'elle ne soit prise de violentes crises. Pourtant qu'on ne se leurre pas : Chitose a déjà subi une embolie pulmonaire et une greffe du poumon il y a deux ans. Elle est traitée par oxygénothérapie (apport supplémentaire d’oxygène) à domicile et est suivie par deux spécialistes de la Yomotsu, son père désirant le meilleur pour ses soins.
Physique Chitose est une fille que rien ne différencie de la masse des adolescentes de son âge. Elle n'est remarquable ni par sa taille - un petit mètre quarante-quatre - ni par la couleur très commune de ses cheveux et de ses yeux dont les paupières inférieures s'éversent vers le bas, lui donnant le fameux regard "Tareme" (en yeux-de-cocker si vous préférez) et qui lui forge un air doux et calme. Si elle est mignonne, la jeune fille n'est ni remarquable, ni vraiment belle : son visage extrêmement poupin lui donne des airs de petite fille et ses mains sont toutes petites, ce qui fait que bien souvent Chitose se retrouve infantilisée ou déconsidérée par ses pairs. Elle est pâle -voir livide - signe d'une santé fragile et mauvaise et son visage a souvent une expression triste aux yeux humides. Il est évident qu'elle n'est pas en très bonne santé et la lenteur générale qui se dégage de sa personne en font quelqu'un de mou, d’apparence abattue et nonchalante.
Beaucoup s'attendraient à ce que sa voix soit faible et fluette, très infantile. A l'inverse, la voix de Chitose est extrêmement grave, n'ayant rien de mignon ou de
moe. Elle parle d'une voix hachée et tremblotante au naturel, manquant parfois de souffle lors de ses dires. Ses toux sont grasses et fortes, venant profondément des bronches et cela a déformé sa voix en devenir alors qu'elle muait, encore enfant et bien qu’elle s'exprime relativement peu, les gens de sa classe sont souvent mal à l'aise quand elle parle, ce qui ne l'aide pas dans sa quête pour se faire des amis. Ses goûts vestimentaires sont sobres et classiques, plutôt pudiques et sans fantaisie : elle aime les couleurs pastels, un peu ternes, et trouve les notes colorées trop voyantes et vulgaires pour elle. Chitose apprécie tout particulièrement les pulls confortables et longs et bien souvent les manches de ces derniers sont trop longues pour elle, ne laissant apparaître que le bout de ses doigts tant elle a de petites mains. Elle a été rompu à l'art du port du kimono très jeune par sa mère mais apprécie plus les tenues casual, se sentant toujours un peu mal à l'aise dans de beaux vêtements formels.
L’adolescente ne se maquille pas, ne cherchant pas à masquer son teint diaphane ou son air juvénile, même pour son âge. Mignonne sans être belle, un peu entre l'enfant et l'adulte, Chitose n'a pas vraiment à cœur de se mettre en valeur car elle ne trouve rien dans son apparence qui lui semble digne d'intérêt. Même ses jolis cheveux châtains sont coiffés un peu n'importe comment, souvent attachés en chignons approximatifs ou en queue de cheval vite expédiées. A la maison, elle porte souvent un appareil respiratoire sous la forme d'un masque narinaire branchée à une petite machine qui l'aide à trouver un certain confort respiratoire et dont elle a fini par se sentir dépendante quand elle est seule dans sa chambre. L'objet qu'elle chérit le plus est un kaiken (un petit sabre d'environ 15 cm qui était traditionnellement porté par les femmes de samouraïs) offert par sa mère qui lui a fait promettre de l'offrir à l'homme qu'elle aimerait, pas celui qu'on lui a choisi...
Quelque chose te différencie ? Rien, si ce n'est sa maladie : la fibrose pulmonaire idiopathique.
Chitose porte le nom de famille de sa mère parce que son père pensait que cela la protégerait. Elle est en effet le dernier enfant de l'actuel dirigeant du Yamaguchi-gumi, la plus grande famille yakuza actuelle. Pourtant ni l'argent ni les malversations de son père et de ses frères ne purent aider la fillette quand elle fut diagnostiquée à l'âge de six ans comme atteinte de la fibrose pulmonaire idiopathique, une maladie chronique caractérisée par la dégradation progressive des fonctions pulmonaires. Elle eut d'abord du mal à respirer et on pensa à de l'asthme précoce mais les râles crépitants inspiratoires que la fillette développa plus tard prouvèrent que c'était bien plus grave que cela et de radiographies en scanner, la maladie fut découverte. Elle put cependant bénéficier de soins rapidement et de la meilleur qualité : son père avait les meilleurs contacts et les meilleurs outils : l'argent et les menaces et bien vite l'enfant fut prise en charge par les meilleurs médecins et pharmacologistes de la Yomotsu.
Le reste fut l'enfance presque normale d'une petite fille effacée dans une famille qui brassait beaucoup d'argent et avait des problèmes différents des autres familles. Son premier frère Goro fit cinq ans de prison, son autre frère gagnait des milliards grâce à des extorsions de fonds, au jeu, à l'industrie du sexe, au trafic d'armes, au trafic de drogues, ainsi que dans l'immobilier et la construction. La bourse, la pornographie, le racket d'entreprise payèrent les soins onéreux de Chitose ainsi que son éducations ans que jamais elle se se plaigne de cet argent sale : il lui sauvait la vie, après tout. Elle n'était pas si naïve, même si petite. Son père était l'Oyabun, ses frères des Kyodai respectés. La petite fille grandi à la fois proche et éloignée de ce milieu : elle y grandi sans en faire parti, parce qu'elle était une fille et que jamais elle n'intégrerait le clan, tout comme sa mère qui pourtant était de précieux conseils pour son père et ses hommes. Elle était la fille du boss, l'
ojou-sama accompagnée de garde du corps pour aller à l'école, l'enfant calme et sage qui ne désobéissait jamais et contemplait la vie à travers la fenêtre de sa chambre, que ce soit dans la résidence familial ou dans sa chambre d'hôpital.
La désobéissance n'était pas tolérée chez son père, et Chitose l'avait rapidement appris un jour où son frère et elle s'était disputé à propos d'un compliment fait à la jeune adolescente : elle était surement plus à même d'être yakuza que son frère, paresseux chronique uniquement intéressée par la drogue et les prostituées. Mais Chitose était une fille, et la mafia ne tolérait pas les femmes. Il était même interdit de parler de l'idée de l'onna-oyabun dans les murs de la résidence et pour punir ses enfants, l'oyabun força Chitose à pratiquer le yubitsume sur son frère Goro, alors qu'elle n'avait que douze ans : elle fut forcer de couper le petit doigt de son aîné, sous le regard dur de leur père ; aucune échappatoire possible et cette action terrible qu'il l'obligea à comettre la traumatisa tant qu'elle se referma complètement : plus jamais elle ne se disputa avec aucun de ses frères, et plus jamais elle ne donna son avis. Goro cessa de se rebeller contre l'autorité paternelle et "rentra dans le droit chemin". On ne peut pas vivre normalement quand on a une faille mafieuse, malgré les apparences qu'offrait l’adolescente souffreteuse.
A treize ans, Chitose fit une embolie pulmonaire et fut hospitalisée durant plusieurs mois avant de subir une greffe du poumon droit. Si tout se passa bien, son état se dégrada de plus en plus et les médecins ne furent pas vraiment optimistes sur son espérance de vie. La réhabilitation respiratoire fut longue et douloureuse et plus jamais elle ne put faire de sport, ou même courir ; on mit en place une ventilation mécanique à domicile, et la Yomotsu effectua sur elle des lavages broncho-alvéolaires réguliers pour améliorer sa capacité respiratoire. Les injections de molécules de pirfénidone et d'antioxydants la soulagèrent un peu mais à quinze ans, son état semblait devenu difficile à gérer, de plus en plus lourd. Et pourtant, personne n'entendit jamais l’adolescente se plaindre ou protester : le souvenir du doigt coupée de son frère la terrorisait. Elle n'était qu'un poids pour sa famille...
Et pourtant, ce vieux blouson qu'elle porte tout le temps est ce petit grigri qui lui donne la force de relativiser. Ce blouson de Baseball dans lequel un homme de son père l'avait enveloppé quand elle avait dix ans et que des membres du Sumiyoshi-rengō, un clan opposé au Yamaguchi-gumi, avait tenté de l'enlever à la sortie de l'école. Chitose avait perdu connaissance durant l'attaque mais cet homme, elle ne l'oublia jamais : c'était celui qui lui avait sauvé la vie mais que dans la confusion, personne n'avait vu et qui ne reçut pas d'honneur, le tout juste kyodai Ôta Yuzu.