[Event] 3eme édition de la Tokusatsu-zoku !

Samedi matin. C'était le grand jour. C'était le moment de montrer tout ce qu'il avait. Sa force, sa détermination et son habilité. C'était une bataille qu'il ne fallait pas perdre. Sa vie en dépendait !

Nobu était prêt, il avait même dormi trois heures la nuit précédente pour être en pleine forme ! Il avait changé de survêtement, avait même mis un foulard propre alors qu'il se dirigeait avec son sac à dos sur l'épaule vers le centre Okuse-Ten. Les portes ne s'ouvriraient pour la première journée de convention Tokusatsu que dans cinq heures mais il devait être là avant tout le monde. Il s'était arrêté acheter un petit sandwich et une petite bouteille d'eau pour ne pas s'évanouir dans la matinée - le combat serait rude après tout, il ne pouvait pas fléchir devant l'adversité - et à présent il était prêt. 

Il s'arrêta avec détermination devant les portes closes et d'un geste théâtrale sorti déplia une petite chaise qu'il portait à la main pour s'asseoir majestueusement devant le centre. Alors certe, il était censé partager un stand avec Siri67Tokufan... il était censé vendre quelques illustrations et poster qui l'avaient ruinés à faire imprimer. Profiter de la chance d'avoir une chaise pour se poser pendant la convention aussi.... Mais là n'était pas la question. Siri se débrouillerait pour tout installer, il avait une voiture - lui - et tous les cartons étaient dans son coffre.

Nobu était en chargé d'être la chair à canon ce matin ! Il ferait le pied de grue et dès que les portes s'ouvriraient... il foncerait mettre la main sur les collectibles les plus rares ! Ils s'étaient mis d'accord là dessus. Siri lui avait donné ses maigres économies avec une wishlist et lui-même avait sa propre enveloppe. Tout était prêt ! Il n'y avait plus qu'à attendre que les portes s'ouvrent ! 

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Il y avait déjà la queue quand finalement le centre Okuse-Ten ouvrit ses portes aux totaku de toutes sortes. Beaucoup riaient, s'amusaient, s'était cosplayés et parlaient fort. Mais debout devant la porte, Nobu était sérieux, tout comme certains autres derrière lui. La bataille allait commencer... la rumeur voulait qu'il y avait quelque part des figurines rares et uniques ! Alors certes, ils avaient discutés pour faire passer le temps, ils avaient échangés quelques petits trucs, ils avaient montrés les photos dans leur téléphone... mais l'amitié et la politesse n'eut soudain plus sa place entre eux quand les portes s'ouvrirent !

Nobu exhiba fièrement son pass à l'ouvreur et fonça tête baissé parmis les exposant, saluant par la même quelques uns qu'il connaissait. Mais il aurait tout le temps plus tard de s'attarder à papotter ! Il avait une mission à accomplir avant ça !

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Les bras chargés et le sac à dos débordant de poster, Nobu déambulait à présent à travers le large hall un grand sourire aux lèvres. Il n'avait pas fini ses courses, n'avait pas encore trouvé ce qu'il cherchait, mais il avait tout de même un trou dans son enveloppe et dans celle de Siri. Il avait l'impression d'être au paradis. Il sautillait presque en saluant les gens, les autre totaku qu'il avait appris à connaître sur forum et en convention. 

Pourtant il ne fallait pas se fier à ses airs d'enfants au pays des bonbons et des sucreries... dès que son regard se poserait sur LA figurine, la bête serait lâchée et rien ne pourrait l'arrêter...

Le dilemme. Il était resté devant son miroir, suant à grosses gouttes à cause de la chaleur et du stress. C'était LA convention de tout Totaku qui se respecte. Impossible de l'ignorer. Il avait un instant songé à y aller en temps que Pinku mais Hana-chan lui avait envoyé son désaccord et il s'était incliné devant la virulence de son ressenti. Cette dernière avait même presque semblé un peu vexée, ce qui était rare. Bon. D'accord. Pas de Pinku.
Il aurait donc tout aussi bien pu y aller normalement. Après tout quel mal y avait-il a aller à une convention... Oui mais... Et si quelqu'un du lycée était là ? L'angoisse lui nouait le ventre. Si on le reconnaissait là bas, on ne le laisserait pas tranquille. Il soupira donc et ouvrit en gros son armoire de cosplay, parcourant machinalement en revue les différentes possibilités.
Trop connu, il y aurait vingt-cinq Miku au moins. Pas assez connu. Il n'avait pas envie qu'on se demande qui il était censé incarner. Trop spécialisé : seuls les vrais pourraient savoir.

Finalement, il restait un costume qu'il avait fini récemment. Luka Megurine. Il n'avait pas encore eu l'occasion de le porter. Est-ce qu'il avait une perruque rose ? Oui, il y avait bien celle de... Farfouillant dans les cartons, il en dénicha une qui, une fois coupée et apprêtée ferait quelque chose de convainquant. Va pour Luka alors. Il sentit Hana-chan se détendre sensiblement. Elle n'aimait pas qu'il la revête pour des futilités. Parfois, elle avait l'esprit un peu étroit, mais bon, c'était peut-être ainsi...
Il se demanda un instant si Melo-sempaï viendrait... Mais il secoua la tête. Non, il était bien trop droit pour faire de telles futilités de gamin.

Testant sa tenue, il la jugea satisfaisante et se coucha finalement pour quelques heures, sur son petit futon, au centre de la pièce encombrée de mangas et de figurines, dont le seul plan libre était son bureau avec son ordinateur.


Il y avait déjà un peu de monde mais la coiffure de la perruque lui avait demandé plus de temps de prévu. Pourvu qu'il reste quelques collectibles quand même ! Il s'était déjà fait photographié quelques fois sur le chemin, et avait perdu encore plus de temps, modulant sa voix pour la rendre plus féminine - heureusement Luka avait une voix assez mixte.

Finalement il avait pu rentrer et arpenter les allées en mode chasse sous ses dehors de simple cosplayeuse. On l'avait encore retenu pour quelques photos, pour lesquelles il posa avec tout son professionnalisme habituel et finalement, il les vit... Les figurines sailor moon numérotées.... Ni une, ni deux, Haruki/Luka fonça droit sur le stand. Il lui fallait au moins Sailor Mercure et il était prêt à donner ses toutes petites économies pour ça !!

LIBERATOR

Pour la troisième année consécutive, Eiko était invitée pour chanter sur la scène de la Tokusatsu-zoku. La jeune femme était connue pour ses chansons pop ou pop-rock, avec de plus en plus de nuances électro, tout ce qu'elle aimait, et qui apparemment, plaisait à ses fans. Elle était également connue pour son soutien à la cause Tokusatsu depuis environ cinq années, et participait autant que possible aux évènements et rassemblements les concernant. Hi no Tori semblait d'accord avec ses actions et restait dans l'ombre, sans faire de vague pour le moment. Mais Eiko craignait que l'unité kojiki ne se manifeste en public sans que sa porteuse ait rien demandé, dévoilant ainsi son identité et sa vie secrète.

Le meilleur endroit pour cela était la Tokusatsu-zoku !

Mais il en était hors de question. Eiko pratiquait ses exercices de relaxation avant d'entrer en scène. Elle pouvait ainsi entrer en communion plus facilement avec Hi no Tori et les deux entités parvenaient mieux à se mettre d'accord. Du moment que sa vie ou celle de quelqu'un d'autre n'était pas menacée, tout se passerait bien.

La jeune femme entendait la foule des fans venus voir les stands, acheter les figurines et les posters, les costumes et faire signer des autographes et cela la ramena à l'instant présent. Après une dernière pensée pour sa fille, Saori, Eiko apporta la dernière retouche à son maquillage et sa coiffure, lissa les pans de sa jupe, réajusta son haut et sortit de sa loge improvisée non loin de la scène. La matinée était déjà bien entamée et c'était le moment pour pousser un peu la chansonnette. Elle écrivait beaucoup de ses chansons elle-même, en particulier les paroles, ou choisissait les thèmes et il était donc souvent question du combat entre Kaijins et Tokusatsu, entre les justiciers et la Yomotsu-corp. Celle-ci en faisait partie, comme en écho à son fort désir de liberté...

Dans la peau de son personnage, Eiko était tout ce qu'il y a de plus sérieux quand elle monta sur scène en même temps que les premières notes du synthé. Pendant près de trois minutes, elle donna de la voix, criant au monde ce qu'elle était, ce qu'elle voulait... sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit.

Quand la chanson fut terminée, elle s'inclina devant son public et leur offrit son plus beau sourire, lançant quelques saluts de la main à ceux qui étaient venus l'écouter, faisant une pause dans leur recherche de la figurine rare. Du regard elle parcourut l'assemblée et le centre, ou du moins ce qu'elle en voyait depuis la scène, à la recherche de certains de ses collègues anonymes. Mais pour le moment, elle ne reconnaissait personne. Elle passa rapidement dans sa loge pour chercher un stylo et ressortit précipitamment pour aller signer les autographes qu'on lui demandait. Elle espérait qu'on ne lui tendrait pas des bouquets de fleurs... elle les accepterait par politesse, mais elle devrait demander à un vigile de les prendre et de les jeter dès que possible, à cause de son allergie.

Il y avait beaucoup de monde, beaucoup d'agitation, mais cela ne la dérangeait pas, et tant qu'elle se sentait bien, Hi No Tori ne l'embêterait pas. Il lui tardait son passage de l'après-midi pour chanter encore, car il n'y avait là qu'elle se sentait libre.

Après avoir signé les autographes, la jeune femme alla prendre une douche rapide et se changer, puis elle se mêla à la foule à la recherche d'un cadeau à rapporter pour sa fille. On l'arrêtait parfois pour lui demander de prendre une photo en sa compagnie et répondait avec plaisir et entrain. Elle signa encore quelque autographes et continua ses recherches, comme les autres fans, ceux-ci ne se doutant pas qu'un Tokusatsu marchait parmi eux...

L'ambiance dans la convention était assez bonne enfant, les gens riaient, échangeaient, prenaient des photos... lui-même avait pris quelques photos de cosplay qui lui avait plut, il avait discutés avec des artistes, fait signer quelques autographes, signé quelques-uns aussi d'ailleurs - il était cool après tout lui aussi ! 

Il s'était arrêté un instant pour prendre des photos d'Eiko-chan pendant son concert, remuant la tête alors que sa voix emplissait le hall. Il aimait bien Eiko même si Nobu était plutôt du genre à être monomaniaque des tokusatsu. En fait, la plupart des choses qu'il avait acheté qui n'étaient pas en rapport avec les justiciers étaient pour Siri plutôt que pour lui. Cela dit il avait trouvé quelques figurines de Magical Girls qu'il aimait bien !

Les yeux partout pour repérer le moindre collectible il s'arrêta soudain, son radar s'affolant soudain alors que ses yeux se posèrent sur une figurine de Sailor Mercury. Il n'eut pas besoin de sortir sa liste pour savoir qu'elle était en haut de celle de Siri. Et en tant que chair à canon, soldat de première ligne, il était temps qu'il se batte ! C'était un miracle qu'elle soit encore là ! A moins que ce soit le prix qui ai arrété les semi fan de la guerrière en uniforme. Car seuls les vrais fan faisaient fi du prix pour se jetter dans l'arène !

Ni une ni deux, Nobu fonça. Il oublia le monde qui se pressaient de plus en plus dans le centre Okuse-Ten et il se mit à courir, bousculant même les gens au passage. Il heurta une cosplayeuse aux cheveux rose et eut à peine le temps de tourner son regard vers elle en levant la main.

" 'Solé ! Urgence !" fit-il en une miliseconde, se jettant sur la figurine comme un chien affamé sur un os. Il tendit la main et faillit s'étaler sur le stand alors qu'il attrappait la base du carton. "Elle est à moi !" hurla-t-il presque, les cheveux collés par la sueur d'avoir arpenté le centre toute la matinée. Il s'appuya contre la table, reprenant son souffle et offrit son plus grand sourire au vendeur. "Je la prend !" 

A peine le vendeur eut-il le temps d'acquiescer que Nobu sauta sur place et fit un tour sur lui-même, aux anges. Il était vraiment le meilleur. Le bras levé en signe de victoire il se mit à rire tel le fanatique qu'il était dans ses moments là. 

"La victoire est à moi !" lança-t-il plus pour lui même qu'autre chose.

La figurine était là, trônant devant lui, magnifique. Sailor Mercury... Une édition numérotée en plus ! Elle avait été son premier amour de jeunesse, cette jolie guerrière en uniforme... Le prix, cependant, avait de quoi faire paniquer quelques fans fauchés... Et alors qu'il comptait mentalement son argent tout en écoutant distraitement la jolie voix d'Eiko - et combien d'heures supplémentaires il devrait faire au café pour renflouer son compte - il se sentit violemment bousculé, levant des yeux outrés sur un brun pressé qui ne s'arrêta qu'une fraction de seconde pour... Se jeter sur LA figurine... Minute. QUOI ?! Non mais Mercury était à lui !!

Se précipitant en avant après quelques seconde de pure paralysie d'horreur - c'était un cauchemar, quelqu'un d'autre avait pris Mercury - Haruki se porta à la hauteur de l'autre otaku. Bon, plan d'urgence activé. Il y avait mille manières de vaincre dans cette guerre redoutable. Les larmes lui montèrent au yeux, les jolis yeux bleus de Luka, et il renifla.
"... C'était la dernière... C'est affreux..." Sa voix était chétive, celle d'une jeune fille désespérée - il devrait songer un jour à devenir acteur. "Je...Je... Je voulais l'offrir à mon petit frère qui est cloué au lit." On se tourna sur cette jeune fille qui semblait sur le point de pleurer, se frottant les yeux comme si elle luttait vainement contre les larmes qui ne tarderaient pas. En lui, il sentit la désapprobation de Hana-Chan mais il l'ignora : désolé Hana, il lui FALLAIT Mercury.

"Monsieur le marchand... Vous êtes sûr que c'était la dernière ?" Fit-elle en joignant les mains, suppliant le commerçant du regard, avec des larmes prêtes à couler.
"Heu ben ouais..." Fit l'homme, comme s'il hésitait, la figurine presque glissée dans le sac à destination de l'autre empêcheur d'acheter en rond.
"Je vous en prie... Je... je suis même prête à la payer encore plus..." Cette fois le type hésita vraiment. Aller encore un peu... Ne lui donne pas cette fichue figurine si tu tiens à la vie, mon gars pensait Haruki en son fort intérieur. Il le savait, il aurait dû venir en Pinku : aucun Otaku n'aurait pu la lui refuser ! Hana-Chan lui envoya des images menaçantes, mais il l'ignora de nouveau. Il y avait des priorités dans la vie.

Elle était à lui ! Rien qu'à lui ! Enfin, plutôt à Siri, mais c'était lui qui s'était rué sur la figurine pour l'attrapper avant que quelqu'un ne la dérobe sous ses yeux. Ce serait trop cruel si cela lui arrivait. La frustration de voir quelqu'un lui passer devant pour prendre ce qu'il avait repéré... mais ce n'était pas le cas, il avait tendu la main et pris l'inestimable boîtier renfermant le joyaux numéroté. Elle était déjà à lui !

Enfin... jusqu'à ce qu'une cosplayeuse vienne réclamer SA Mercury. Nobu fronça ses sourcils immédiatement devant le melodrame que jouait la... Luka ? Oh putain elle était canon... le jeune homme rougit légèrement alors qua fille faisait ses yeux larmoyants au vendeur sous son nez, exhibant ses cheveux roses et sa tenue de vocaloid. Les otaku canon devraient être interdites ! Pensa-t-il alors qu'il voyait le vendeur commencer à plier face à la la basse tentative de manipulation de Luka. 

"Hé ! Premier arrivé, premier servi !" fit-il, sa main tapant contre la table en bois, le visage rouge. Il ne se laisserait pas faire par une nana. Même si elle sentait bon la rose. Oh merde... pourquoi est-ce qu'elle sentait aussi bon ? L'odeur lui titillait les narines. "Je vous ai demandé cette figurine en premier ! Vous ne pouvez pas la vendre à quelqu'un d'autre sous pretexte qu'elle a une grosse poitrine !" fit-il, ses yeux acier se rétrecissant. Hors de question de laisser filer cette figurine. "Vous avez déjà accepté de me vendre cette pièce unique ! J'ai promis à mon meilleur ami que je lui ramènerais ! Le pauvre ne peut pas se déplacer et ce serait un crime de le priver de sa justicière préférée alors qu'il souffre en cet instant même !" 

Il éxagérait c'était certains. Même si Siri souffrait effectivement.... il avait chaud et ne pouvait pas bouger du stand pour l'instant pour aller voir ce qu'il se passait dans la convention. C'était une torture pour lui. Nobu tourna son visage et renifla en fixant Luka. Putain c'était pas humain un tel cosplay, ça devrait être interdit. 

"J... j'étais là le premier !" il manqua de bafouiller mais se retint. Non il ne pouvait pas craquer à cause d'une nana ! Il était en guerre. "J'suis sûr que ton p'tit frère sera content d'avoir une autre figurine," fit-il, les joues légèrement rouges. Elle mentait certainement en plus, les nanas étaient comme ça.

La vie était un combat de tous les instants, surtout dans une convention lorsqu'on est un otaku fauché. Hors de question de s'avouer vaincu. Haruki avait un avantage non négligeable : les nichons. Certes factices mais bien malin qui le remarqueraient la prothèse coûteuse qui tendait le petit haut noir et or de Luka ! Il prit une moue horrifiée, se montant les larmes aux yeux - rien que penser que Mercury puisse aller à quelqu'un d'autre lui donnait de toute façon envie de pleurer.

Changement de tactique, le marchand n'hésiterait pas longtemps à empocher la monnaie de l'autre abruti. S'avançant vers ce dernier dans un mouvement de ses longs cheveux roses, la perruque bien coiffée suivant le mouvement de sa taille fine - accentuée par un corset étouffant - Haruki sur le point de pleurer, pris soudainement les mains de l'inconnu dans les siennes, battant un peu des cils.

"Mon frère est cloué au lit, je t'en prie... Je voulais tellement lui faire plaisir et je sais qu'il la cherche tellement... Ton ami... Il n'en sauras rien non ?" Encore un battement de cil. Les mains de l'autre garçon étaient chaudes et moites. Il avait soigné ses propres mains pour les manucurer sobrement. L'astuce d'un cosplay réussi résidait dans les petits détails. Et de ne pas regarder à la dépense pour faire le meilleur des costumes. Et un bon jeu d'acteur aussi.

Les mains de l'autre brun dans les siennes, il ajouta d'une petite voix :
"Si je peux l'avoir je te devrais une faveur... Tu pourras me demander ce que tu veux. Je t'en prie..." Haruki était peut-être un peu trop innocent pour prendre la portée réelle de sa promesse auprès d'un autre homme peut-être plus mal attentionné que lui.
Mais c'était dit, c'était dit... Alors autant prendre sa moue la plus angélique et espérer. Pourvu que ce type soit aussi otaku que lui : qui pourrait refuser quoi que ce soit à Luka ? Hana-chan, pendant ce temps s'était retirée dans un coin de son esprit, lui envoyant toute sa désapprobation. Tant pis pour elle si elle ne pouvait pas comprendre.

Les conventions était une guerre pour acheter les objets rares et convoités. Nobu était habitué, il connaissait les trucs et astuces, il savait quand se faufiler et quand se retirer. Mais s'il y avait bien un tactique qu'il n'avait jamais expérimenté et qui venait lui sauter à la gorge tel un kaijin... c'était bien celle qu'osait utiliser la cosplayeuse contre lui. Et ça marchait terriblement bien. Il était au bord de l'échec critique. 

La fille se rapprocha puis saisit ses mains moites et collantes par la chaleur et la nervosité. Le visage de Nobu se rapprocha dangereusement d'une teinte pourpre alors que le visage de Luka se rapprochait. Elle lui tenait les mains. Une fille lui tenait les mains ! Il ne savait même pas si une nana lui avait un jour tenu les mains comme ça auparavant, lui l'otaku puceau. 

C'était petit et mesquin aurait-il pu se dire si son cerveau ne s'était pas déconnecté. Ou plutôt si tout le sang qui normalement irriguait son cerveau ne s'était pas réfugié à un autre endroit de son anatomie. La bouche entre ouverte, les cheveux collés par la sueur sur son front et les yeux écarquillé - ne manquait plus que la bave au coin des lèvres - il écouta chaque mot de la nana et il se mit à trembler. Bordel... c'était comme si un de ses fantasmes se réalisait ! 

Il manqua de saloper son jogging propre. 

"Je... Je... Je..." tenta-t-il, le cerveau déconnecté et une bosse devant lui. "Je... je..."

Elle avait les mains douces... et il n'aurait manqué qu'une petite poussée pour qu'il plonge son visage dans l'opulente poitrine. Il jetta un bref regard à la figurine, puis un peu autour de lui, les yeux fous, paumé. Il était en train de faire un rêve érotique, ce n'étiat pas possible autrement. Pourtant il pouvait sentir son coeur prêt à exploser dans sa poitrine. 

"Je...." ile hésita à nouveau et soudain son regard se posa sur un poster non loin d'eux. Justice Girlz. Il senti les larmes lui monter aux yeux et il repoussa les mains angélique de Luka pour reculer d'un pas et la pointer du doigt. "Vile tentatrice ! Tu ne pourra pas me débaucher ! Je suis fidèle à Justice Girlz ! Je ne tomberais pas entre tes griffes démoniaques !" 

A ces mots... il détala dans la foule en pleurant. Laissant la précieuse figurine derrière lui. 

Il avait faillit. Il avait manqué tromper Justice Girlz et toutes les autres. Pour Luka en plus ! Il se sentait sale.

C'était un moment vraiment gênant quand même : il tenait les mains d'un autre garçon et... Et... Il n'aurait vraiment pas dû baisser les yeux de gêne. Non. Vraiment pas. Parce qu'il remarqua plus bas faillit lui coûter tout son aplomb et son professionnalisme. Rouge pivoine, au même titre que Nobu - mais pas exactement pour les même raisons, il fut bien incapable en vérité de bouger, comme pétrifié par l'évidence.
Qu'un garçon réagisse ainsi à lui - enfin elle aujourd'hui - avait quelque chose de très gênant et sale. Il fut soulagé qu'on le lâche en vérité. Soulagé que l'autre prenne la fuite parce que l'aspect sexuel inopiné était terrifiant pour un otaku puceau dans son genre.

Cependant, en voyant l'autre otaku prendre la fuite en invoquant Justice Girlz - si elle savait - Haruki se sentit plus coupable que triomphant. Il fallait cependant être sincère : il avait gagné par KO. C'tait déloyal mais...
"Bon, voilà l'argent." Fit finalement Haruki, un peu sonné, récupérant la figurine qu'il serra contre son cœur : tout ça c'est pour toi, Mercure !

La figurine coûtait cher et il ne pourrait sûrement rien s'acheter d'autre vu l'état de ses finances. Cependant, il l'avait, sa jolie petite Mercure avec sa jupette et son air décidé.
Les joues rouges, se sentant un peu nauséeux, il prit la direction des toilettes avant d'hésiter entre la porte des femme ou celle des hommes. Raaaaah, pourquoi est-ce que c'était si compliqué ? Il poussa farouchement la porte de celle des femmes, prenant quelques instants pour inspirer profondément - aussi profondément qu'un corset serré le lui permettait. Il était pâle comme un linge et il repensa à cette... Bosse... Puis fila dans la première cabine des toilettes venue, vomissant son maigre petit déjeuner - un toast nature et un peu d'eau. Il se jura en hoquetant sur la cuvette qu'il ferait attention à l'avenir.

Sortant en titubant, les yeux hagards, il cogna dans une fille, manquant de se retrouver sur les fesses. "J.... Ch'ui... d'solé..." Fit-il en se sentant vraiment idiot, le sac en kraft de sa figurine pendant au bout de son poignet et un gout de vomi dans la bouche.

(je laisse à n'importe quelle fille le loisir de s'insérer -->)

Eiko parvint, malgré la foule et l'agitation, le bruit et les odeurs, à se faire entendre au stand d'un vendeur de peluche kawai représentant les différents Tokusatsu et autres idoles du moment. Quand on l'avait reconnu, on lui avait fait de la place, couvrant le bruit ambiant par des murmures et des sourires ébahis, afin qu'elle puisse choisir à loisir la peluche de son choix et terminer la transaction avec le marchand. La jeune femme, sa peluche sous le bras, se retourna vers ses admirateurs, et d'un clin d'oeil les invita à s'approcher pour des photos et des autographes. Eiko était toujours très proche de ses fans et cela faisait parti de son charme, de ses particularités. Elle n'avait pas peur de se mêler à la foule, toujours respectueuse de ne pas la toucher. Elle savait aussi que ses gardes du corps étaient proches et ne laisseraient rien lui arriver... ses parents payaient assez cher pour cela.

Une fois libérée, Eiko s'éloigna en lançant quelques saluts à ses fans et se dirigea vers les toilettes pour soulager une envie pressante. Sa loge avec ses propres cabinets étaient trop loin et ça commençait à devenir vraiment urgent. Avec tout ce thé qu'elle avait bu un peu plus tôt...

Mais alors qu'elle s'apprêtait à pousser la porte une jeune fille lui rentra presque dedans, le visage très pâle sous le maquillage, les yeux vitreux, la mine déconfite. Celle-ci s'excusa précipitamment, ce qui fit sourire Eiko.

-Ça va ne t'inquiète pas. Mais toi tu es sûre que ça va ? Tu n'as pas l'air bien. Tu as dû manger quelque chose qui n'est pas passé ? J'ai un thé extra pour faire passer les ballonnements et les nausées dans ma loge, tu n'as qu'à me suivre. Mais d'abord, je dois absolument aller faire pipi de toute urgence, sinon ça va être la cata !! Tu veux bien me tenir ça s'il te plait ? Je reviens dans une minute.

Et disant cela, Eiko colla la peluche de Pinku-no-Hana dans les bras de la cosplayeuse qu'elle n'avait pas reconnu comme étant un de ses amis, et rentra précipitamment dans les toilettes pour en ressortir quelques minutes après. Elle reprit sa peluche des mains de la jeune fille, tout en souriant.

-Au fait, super ton cosplay. C'est Luka Megurine, n'est-ce pas ? Très réussi ! Tu viens ? Ma loge est par là.

Et Eiko commença à avancer dans la direction de sa loge, la main tendue vers la cosplayeuse, pour l'inviter à la suivre. Quelque chose dans son regard lui rappelait quelqu'un, mais impossible de se rappeler qui.

Chancelant un peu, Haruki leva les yeux sur celle qu'il venait de bousculer. Rien de moins que Ogawa Eiko - encore heureux qu'il n'y avait inopinément personne aux toilettes, sinon il signait son arrêt de mort par les fans. Il avait du mal à aire le point mais pas assez pour ne pas balbutier comme un idiot quelque chose d'inintelligible alors qu'elle l'invitait. Ce n'était pas le moment pour recroiser la jolie chanteuse qui était parfois si familière avec lui - lui, lui, pas Pinku. Il se sentit d'autant plus gêné de l'attendre dans les toilettes des filles, se demandant si, décemment, il pourrait lui dire qui il était sous le cosplay. Il allait mourir de honte : Eiko faisait pipi à quelques mètres de lui !

Ne sachant pas trop où se mettre, tombant de Charybde en Scylla, trop nauséeux pour fuir, il se retrouva donc de nouveau nez à nez avec la jeune femme qui lui tendait la main. Nul doute que si elle savait qu'il était un garçon sous ce maquillage et ce déguisement, elle ne le toucherait pas ainsi - ça ne se faisait pas. Mais il se laissa finalement prendre la main, protestant mollement "Mais je ne veux pas vous déranger..." avant de se laisser entraîner à la suite de la chanteuse.
Eiko-chan était une fille énergique et dont il avait toujours aimé la musique. Souvent, ils s'étaient parlés sans rien savoir l'un de l'autre. Traquas du lycées et soucis de stars, leur monde était en décalage mais elle était si simple et si gentille qu'il avait l'impression finalement qu'une amitié naissait - bien qu'il chassait cette idée parce que c'était horriblement prétentieux de penser qu'Eiko puisse faire un traitement de faveur avec lui.

"Oui c'est Luka... Merci Eiko-Chan" Souffla-t-il, toujours très pâle, à deux-doigts du malaise vagal. Il ne mangeait que peu et rien de sucré, par conséquent il était souvent sujet à des chutes de tension ou de petites anémies - encore plus avec le monde et la fatigue - pour ne pas dire le choc psychologique.
La main d'Eiko était beaucoup plus douce et fraîche que du garçon de tout à l'heure. C'était assez étrange, comme comparaison. Il avait envie de lui dire qu'il était Haruki mais il se sentait trop faible et coupable. Encore plus tant qu'il trébuchait à sa suite jusqu'à sa loge, heureusement pas trop loin.
Une fois à l'abri de la petite foule, il s'autorisa un instant pour reprendre doucement son souffle, la poitrine compressée par le corset et les prothèses qui lui donnaient un corps réaliste.
"Merci mais ne vous inquiétez pas, ça va aller..." Fit-il en prenant une grand inspiration, profitant de ces minutes au calme, le brouhaha de la foule étouffés par la loge.